1953, les Martiens déménagent ! En ce temps de « guerre froide », ça va chauffer pour les Terriens.
Mais pourquoi donc les extraterrestres décident-ils de venir sur notre petite planète ? Un classique « docudrama » ouvre le film, expliquant les motivations des envahisseurs.
Le prélude est constitué, tout d’abord, d’images d’archives des première et seconde guerres mondiales expliquant la funeste évolution des moyens de destruction sur Terre. Une fusée décollant évoque l’ultime pouvoir destructeur : la menace viendra de l’espace.
Puis les spectateurs découvrent en un zoom avant la planète bleue. Ce zoom, c’est celui des instruments d’observation des Martiens épiant la Terre.
Quel ciel ! Ce champ d’étoiles coloré, avec ses étoiles jaunes, rouges, bleues est la vision d’un artiste, créateur de mondes, se substituant au réalisateur pour cette séquence. Ces toiles peintes sont l’œuvre d’un des pères fondateurs de l’ « astronomical art » (cet « art astronomique » encore utilisé aujourd’hui pour illustrer certains projets de la Nasa par exemple) : Chesley Bonestell.
Chesley Bonestell est contemporain de Méliès ! Né en 1888, c’est en 1905, à l’âge de 17 ans, qu’il réalise sa première « peinture astronomique » après avoir vu Saturne à travers la lunette du télescope de l’observatoire de San Jose en Californie. Il deviendra un “matte artist” à Hollywood dans les années 40.
Sortons ce mot obscur de la Boite Noire : « Matte » c’est un « masque ». Le “matte painting” est “un procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor en y laissant des espaces vides, dans lesquels une ou plusieurs scènes filmées sont incorporées”. C’est donc une base aux effets spéciaux et un procédé entrant dans la création d’une illusion de profondeur de champ.
Chesley Bonestell travaillera sur les deux premiers films d’Orson Welles Citizen Kane et The Magnificent Ambersons fournissant les« background paintings ».
C’est dans le département artistique qu’il collabore à La Guerre des Mondes.
En effet, ces décors sont de vrais chefs-d’œuvre.
Visite guidée de notre système solaire :
Voici Mars, habité mais menacé de destruction. Les habitants cherchent une autre planète pour se perpétuer.
La composition des plans que l’on retrouvera dans les autres peintures accentue la profondeur de champ.
Pluton… même champ d’étoiles multicolores.
Au premier plan, la planète Mars et Neptune : profondeur de champ impossible !
Uranus. L’enfilade des deux planètes connaîtra un grand succès dans les films de science-fiction.
Saturne. Ses anneaux…
et son troupeau d’improbables nuages traversant le cadre au premier plan !
Jupiter.
Mercure.
Et enfin, destination idéale pour les Martiens, la Terre.
Tourné en 1953, La Guerre des mondes utilise les moyens de l’époque : mate paintings, zoom et travelling sur les toiles pour faire un tour d’horizon savant de notre système solaire. La « naïveté » des effets spéciaux place ce film dans la tradition du « cinéma spectaculaire ».
Le « docudrama » du prologue n’est pas un récit. On ne raconte pas ce qui se passe au-dessus de nos têtes de terriens (le point de vue sur la Terre est celui des Martiens). Le cosmos est une vue d’artiste, une surface peinte ; pas encore un regard : une vision.
Does one sense Tarkovsky looming into view a few constellations on?
RépondreSupprimeron voudrait bien voir tarkovski dans la boite noire...
RépondreSupprimerIl faut que je vois si Tarkovski entre dans la boite noire pour cette première histoire...
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