2010-03-03

Interlude 2001 : une parabole

Film sur l'espace, 2001 obéit à la loi newtonienne de la gravitation.

Tout objet lancé vers le ciel doit retomber sur Terre. Tout comme le spectateur emporté dans l'espace doit retomber sur ses pieds.

On a souvent glosé sur le fameux raccord entre l'os et le vaisseau spatial qui dessine une vertigineuse ellipse narrative.

Je vois, dans ce montage, la ligne tracée d'une double parabole : parabole de l'évolution de l'espèce humaine, mais aussi, parabole mathématique que tracent les images du film.

Démonstration :

L'épisode du monolithe est passé ; les hominidés vivent dans l'obscurité de l'instant. L'un d'entre eux semble perplexe devant la carcasse d'un animal.

Surgit dans son esprit, le souvenir de l'énigmatique monolithe.

Forme façonnée par une intelligence (divine, extraterrestre ?), le monolithe est moteur de l'évolution.



La première idée vient au singe : l'outil.



Outil qui s'avère être...une arme !

(Remarquez le raccourci saisissant de Clarke/Kubrick : l'histoire de l'humanité est une histoire de destruction ; destruction qui inscrit l'homme dans son inéluctable évolution vers ? )

La scène de la mise à mort de l'animal est splendide. Elle est à la fois le lien logique entre la carcasse inerte et la mort de l'animal, et la projection mentale de l'hominidé qui, armé de son nouvel outil, le mettra à mort.

Dès lors, un temps est né dans le temps : le singe se projetant quittera l'éternel présent de l'instinct pour vivre dans le temps mental du souvenir et du désir propre à l'homme.
L'humanité a dorénavant un visage.


Armé de sa puissance naissante, l'animal s'érige en homme défiant par son geste les cieux qui l'ont fait naître.



L'os entame sa chute, obéissant à la gravitation mais ne retombe pas...


Ce geste, c'est la geste de l'humanité. Des milliers d'années plus tard, un vaisseau spatial flotte dans l'espace intersidéral.


Remarquez le déplacement du vaisseau qui "tombe" (comme l'os) à gauche du cadre.


On peut considérer que la séquence s'arrête ici. L'homme a conquis l'espace.

Mais ce n'est pas fini. La parabole continue, formelle, plastique.


Comment ne pas reconnaître dans ce stylo dans le vaisseau, la continuité de l'outil-arme lancé à l'aube de l'humanité ?


Stylo-fusée, en suspension, qui ne retombe toujours pas.




La ligne de cette parabole se dessine au cours du film et continue jusqu'à...


la séquence finale

et ce plan énigmatique... Le verre vient de tomber, se brisant, éparpillé comme les os du squelette de l'animal.

Chute qui arrête l'astronaute

et qui le laisse perplexe, songeur.

La ligne de la parabole est tracée enfin : la course de l'os lancé au début du film s'achève ici dans la mystérieuse et paradoxale antichambre de l'univers.

Une vérité, comme la première idée apparue jadis, peut apparaître aux yeux de l'homme qui a traversé l'espace :



Lui-même, à l'ultime instant.



La parabole que trace le film nous fait maintenant face : l'homme devant l'origine de ses origines.


10 commentaires:

  1. oui.
    mais que contenait ce verre ? la boite noire le sait-elle ?

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  2. de l'eau Izoard de l'eau pure !

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  3. joli thème pour une suite, non ?

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  4. Une autre histoire de nos origines, ca, si c'etait de l'eau saline, comme dans nos yeux, ou elle recree l'etat sousmarin de nos ancestres, preserve la faculte de voir.

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  5. oui, de l'eau pure, je n'y crois pas trop. ou alors, il faut (re)définir pure. A suivre ?

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  6. mettons que c'est claire comme de l'eau de roche. ça vous va ?

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  7. mm. pas si limpide que ça...

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  8. I can't pretend to know, its having been too long since I saw the film - though that innumerable times. However, a vessel breaking, spilling liquid in a scene invoking species development and individual death... All sorts of more or less saline impurities do seem to suggest themselves.

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  9. pas de poisson d'avril pour la boitenoire ?

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