2010-01-21

2001 : l'invention des étoiles

C'est 6 millions de $ que Stanley Kubrick demande à la MGM pour financer "le meilleur film de science-fiction jamais réalisé et le plus réaliste". Cette somme en 1964 est la plus grosse somme que Hollywood est capable de rassembler. Le budget dépassera les 10 millions de $. Il faudra 3 ans et la quasi-totalité des studios anglais de la MGM pour que le film sorte pour les projections de presse fin mars, début avril 1968, à Washington, Los Angeles & New York.

Ces chiffres astronomiques sont à la hauteur d'un film qui transformera le cinéma de science-fiction de série B en un genre où tout est possible. Dans 2001 a Space Odyssey, le ciel s'élargit de la profondeur du récit.

Pour raconter cette histoire, Kubrick s'entoure d'une équipe pour les effets spéciaux :


Wally Veveers qui avait travaillé sur Docteur Folamour.


Tom Howard, responsable des effets spéciaux à la MGM qui avait remporté un oscar pour son travail sur Tom Pouce de Pal.


Con Pederson avait participé à la série Man in Space dirigée par Walt Disney & von Braun. Il dirigea avec Doug Trumbull un projet nommé To the Moon and beyond que Stanley Kubrick verra.

Doug Trumbull contribuera de manière décisive à 2001. On lui doit en grande partie la séquence du "tunnel de lumière".

Mais l'équipe est évidemment plus nombreuse. Citons aussi Brian Jonhson qui remportera un oscar pour les effets spéciaux de
Alien. Zoran Perisic qui fera voler Superman.

L'équipe doit inventer de nombreuses techniques & exploiter toutes les techniques du passé afin de rendre réaliste l'évolution des vaisseaux spatiaux dans le champ d'étoiles. (La Boite Noire renvoie le lecteur à l'ouvrage de Piers Bizony Le Futur selon Kubrick ed. Cahiers du cinéma)



Veveers entreprend de créer un champ d'étoile avec des feuilles métalliques peintes en noir percées de trous d'aiguilles et illuminées par derrière. Il espère filmer en une fois les vaisseaux et les étoiles. Mais la méthode n'est pas probante.

Les étoiles sont peintes sur des fonds noirs (par de petits coups rapides donnés à la brosse à dents) puis photographiées au banc d'animation, avant d'être combinées aux plans des spationefs.

Mais le procédé est beaucoup plus complexe.

1. Les vaisseaux sont filmés. La pellicule est développée et tirée.

2. On projette chaque photogramme sur une feuille d'acétate transparent et on remplit les contours des vaisseaux à l'encre de chine.

3. Les feuilles sont filmées ; on obtient un dessin animé où les vaisseaux se déplacent sur un fond blanc.

4. L'arrière-plan "champ d'étoiles" impressionne une nouvelle pellicule grâce à une caméra capable de recevoir une double épaisseur de film : le dessin animé & en dessous la pellicule vierge. On obtient des trous noirs en forme de vaisseaux qui se déplacent au milieu des étoiles.

5. On transfère le métrage original des vaisseaux sur les formes noires. Les vaisseaux s'accordent parfaitement à leurs propres ombres.

La station spatiale en orbite.


La navette spatiale Orion.



La Terre vue de l'espace tourmente l'équipe. Selon Harry Lange, "nous avions peu de vraies images de la NASA dont nous aurions pu nous inspirer. Tous les chercheurs affirmaient que la Terre devait être très brillante. Comment aurions-nous pu savoir que la Terre semblerait bleu foncé aux hommes d'Appolo en 1969, un an après la tournage ? "



Le spationef Discovery


La sphère qui constitue le poste de commande mesure 1.80 m.


La maquette mesure près de 16.50 m.



Le spationef est soutenu par des pilotis d'acier. C'est la caméra qui bouge le long du vaisseau. Le mouvement de la caméra placée sur un rail de travelling est très lent. Ceux qui assitent au tournage ont l'impression qu'il ne se passe rien. Kubrick décrit le processus comme "regarder le temps s'égrener sur le cadran d'une horloge." L'art du "motion control" est né sur les plateaux de 2001.


Une scène jouant de la profondeur de champ d'étoiles :


la traversée d'une météorite.



L'homme ne regarde plus les étoiles ; il en fait partie.


Le fameux monolithe.



L'alignement des astres dans une profondeur infinie.


Fin de la 1ere partie.


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