2001 : La Porte des étoiles

Tout le monde se souvient de la séquence durant laquelle David Bowman s'engouffre dans le tunnel de lumière de la Porte des Etoiles.
En 1968, cette scène attire les jeunes, qui assis le plus près de l'écran, allument un joint avant le "voyage" de l'astronaute et planent devant les images en Cinérama. La MGM lancera d'ailleurs le film lors de sa sortie en deuxième exclusivité sous le slogan "l'ultime voyage".

Depuis la fumée s'est dissipée mais les images restent stupéfiantes.

On doit cette séquence à Douglas Trumbull. Au départ, il déplace la caméra de gauche à droite, la fait pivoter dans le sens des aiguilles d'une montre et dans le sens contraire en maintenant l'oburateur bloqué en position ouverte, filmant des photogrammes de 65 mm.

La "grande idée" consiste à rapprocher la caméra de l'arrière-plan dessiné ou de l'éloigner. Il crée ainsi un flou tant en profondeur qu'autour du cadre. Kubrick, intéressé, l'autorise à poursuivre dans ce sens.

Trumbull construit le "slit scan".

Simplifions :

Un motif coloré abstrait placé sur un support lumineux.
Une feuille opaque dans laquelle a été découpée une fente étroite.
Une caméra mobile photographie une seule image.

Effet : en début de course, la caméra enregistre une image précise de la fente lumineuse puis l'image s'agrandit et se décale jusqu'à disparaître du champ.

On répète ces étapes pour chaque image décalant le masque opaque : il y ainsi une variation des couleurs et de la position de la traînée lumineuse.

On obtient une traînée lumineuse qui rejoint les bords de l'écran et crée une illusion de profondeur.

Le voyage peut commencer de Jupiter au-delà de l'infini.

La Boite Noire ne résiste pas au plaisir de vous offrir les photogrammes de la traversée du tunnel de lumière.

(Ces photogrammes se passent de commentaire. Un toutefois : on remarque que l'idée de l'enfant-des-étoiles de la séquence finale est esquissée, me semble-t-il, ici : l'oeil de Bowman reflète les mondes qu'il traverse jusqu'à devenir lui-même un monde en germe de tous les mondes possibles.)

Fin de la deuxième partie.